Un-livre-en-poche

Jamais sans mon livre

Vendredi 15 juillet 2011 à 12:56

Un enfant de l'amour est l'incarnation du roman qui génère en moi des attentes considérables. Ce sentiment est lié à plusieurs facteurs : le premier est qu'il s'agit d'une recommandation de ma maman, et (vous le savez désormais) elle ne se trompe jamais. De plus, la couverture annonce fièrement que l'auteur a remporté le Prix Nobel de littérature en 2007, gage de qualité presque aussi fiable que le premier.


Le bouquin compte moins de 200 pages, je l'imagine donc allant à l'essentiel, sans lourdeurs, ni fioritures inutiles. Voyons si mes espoirs ont été déçus ou non !



Durant l'été 1939, le jeune James Reid, passionné de poésie, est appelé au combat. Lors d'une escale au Cap, il rencontre Daphné, une épouse de militaire, dont il tombe follement amoureux. Quelques mois plus tard, il apprend que de cette union est né un enfant. Dès lors, James fera tout ce qui est en son pouvoir pour rencontrer son fils.



Vous l'aurez compris, voici donc un nouveau roman de guerre à ajouter à ma collection... Mais celui-ci occupe indéniablement une place à part. Un enfant de l'amour m'a littéralement transportée. Si la première partie, qui se déroule avant l'escale africaine, m'a d'abord paru un peu longue (vite, vite l'histoire d'amour!), elle permet en réalité de faire réellement connaissance avec James, de découvrir ses racines, ses rencontres, ce qui l'amène à devenir cet adulte intelligent, fort et rêveur. Les pages consacrées à la traversée en bateau sont extrêmement vivantes et m'ont marquée au point que j'avais l'impression d'être moi aussi montée à bord.



La rencontre de James et Daphne se produit lors d'un arrêt bienvenu au Cap. Menant tous deux une existence qu'ils n'ont pas véritablement choisie, ils voient en l'autre le symbole du changement de vie qu'ils attendaient depuis longtemps. Leur rapprochement s'opère dès lors naturellement, sans grande déclaration ni preuve d'amour sensationnelle. Leur histoire naît comme une évidence.


Cette parenthèse africaine doit pourtant prendre fin et James reprend la mer vers à destination de l'Inde. La suite du roman nous dévoile la guerre sous un jour original, celui de l'ennui. Les soldats condamnés à l'inactivité la plus totale prennent leur mal en patience, et quand la nostalgie l'emporte, le désespoir et la folie ne sont jamais loin.


 
En conclusion, je vais désormais remplir ma bibliothèque d'ouvrages de Doris Lessing, dont l'écriture et les personnages m'ont enchantée. Je vous recommande chaudement Un enfant de l'amour, à lire d'une traite, en écoutant un album des Andrews Sisters !

Vendredi 15 juillet 2011 à 12:54

Daisy, jeune new-yorkaise de quinze ans, débarque au printemps chez des cousins qu'elle n'a jamais rencontrés et qui vivent dans la campagne anglaise. Elle y découvre un univers bien différent de Big Apple, rythmé par les travaux de la ferme, les escapades à la rivière et marqué par des liens fraternels qu'elle ignorait jusqu'alors.

Mais ce monde idyllique est bouleversé lorsqu'un attentat de grande ampleur sème la panique à Londres. La tante de Daisy, immobilisée à l'autre bout du continent, ne peut pas rentrer à la maison et les cousins vont devoir s'organiser dans un climat de guerre incertain et inquiétant.




Au moment où je vous écris, cela fait une nuit que j'ai terminé ce roman et j'en ai déjà ouvert un autre, pourtant, j'ai toujours l'impression d'appartenir à l'univers dépeint par l'auteur. Je ne sais pas ce que cela signifie pour vous, mais à mes yeux, c'est la preuve imparable d'un livre sacrément réussi !



Ce qui participe à cette dimension immersive est sans conteste le décor planté par Meg Rosoff. C'est un élément dont je parle somme toute assez peu dans mes notes de lecture, mais dans ce cas précis, il s'impose de lui-même. D'une part, la description de la campagne anglaise, de ses fleurs, ses arbres, ses parfums, ses couleurs, m'a envoûtée. Sans lourdeur, l'auteur nous offre une réelle évasion au coeur d'une nature foisonnante et féerique.


Dans un second temps, c'est l'atmosphère générale qui m'a interpellée, puisque l'histoire est contemporaine (l'héroïne a un téléphone portable, elle envoie des e-mails...) mais se déroule en temps de guerre. Cette situation politique atteint d'autant plus le lecteur qu'elle est vue à travers les yeux d'une adolescente venue d'un autre pays et qui ne comprend pas les tenants et les aboutissants du conflit. Comme Daisy, on se sent dès lors pris au piège et on se méfie de tout et de tous.



J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur, la façon dont s'exprime la narratrice : avec son langage imagé, ses jeux sur les mots et autres appartés, elle apporte une certaine légèreté au récit. Nous lisons ses moindres pensées, ce qui la rend proche et attachante. Hormis Daisy, je suis également tombée amoureuse de chacun de ses cousins : Ogbert, l'aîné et le plus discret, mais aussi et surtout l'énigmatique Edmond, le sensible Isaac et l'adorable Piper.



L'histoire n'est pas bien longue, à peine plus de 200 pages, mais j'y ai trouvé une densité narrative et émotionnelle rare. Je ne peux dès lors que conseiller How I live now (Maintenant c'est ma vie, en français), un roman qui ne laissera ni les lecteurs adolescents, ni les lecteurs adultes indifférents.

Vendredi 15 juillet 2011 à 12:54

Au terme de près d'un mois sans compte-rendu de lecture (je vous le disais, ma vie est dingue, d'autant que je suis entrée dans la vie active), je vous propose ce matin ma note consacrée au second tome de la série Dakota de Debbie Macomber. Pour cette suite, l'auteur se centre sur la meilleure amie de Lindsay, héroïne du premier volume, et son installation à Buffalo Valley.



Venue au mariage de sa meilleure amie Lindsay à Buffalo Valley, Maddy Washburn décide, comme cette dernière, de s'installer dans la petite ville. Une fois de plus, les habitants voient avec surprise une jeune femme ravissante et dynamique rejoindre leur paisible communauté. Ils ignorent que Maddy a le coeur déchiré par ses expériences du passé... Mais lorsqu'elle rencontre par hasard Jeb Mc Kenna, qui vit replié sur ses terres, Maddy est touchée par cet homme que la vie a profondément blessé et sait qu'elle seule pourra lui redonner courage et confiance dans l'avenir.




Cela sonne comme une overdose d'eau de rose ? Et bien, c'est presque le cas ! Il est entendu que lorsqu'on ouvre un best seller Harlequin signé d'une reine de la littérature sentimale Outre-Atlantique, on ne s'attend pas à découvrir l'infinie complexité des émotions humaines. Le dénouement est forcément prévisible et l'amour avec un grand A l'emporte immanquablement en fin de compte... Mais tout de même, j'ai regretté un manque de nuance dans cette suite : cette débauche de mariages, ces déchirements qui se règlent en un regard énamouré, tout cela m'a paru trop facile.


Pour le reste, sans entrer dans de trop nombreux détails, Dakota Home est une lecture agréable, reposante et dépaysante. J'ai pris plaisir à voir cette petite ville de l'Amérique profonde reprendre vie peu à peu, je crois d'ailleurs qu'elle est le personnage dont le parcours m'a le plus intéressée au cours de ces 400 pages. Car, contrairement à l'impression que m'avait laissée le tome 1, j'ai trouvé que l'évolution des protagonistes manquait sensiblement de profondeur.


L'héroïne, Maddy, offrait pourtant de jolies perspectives et j'aurais aimé que l'on développe davantage son attachement à son commerce et la façon dont elle transforme cette épicerie moribonde en une boutique vivante et appréciée de toute une communauté. La description de la situation professionnelle de Lindsay était, à cet égard, bien plus réussie dans le volume précédent.



En conclusion, Dakota Home est un roman sympathique, léger et relaxant. L'évasion qu'il nous procure éclipserait presque son manque de subtilité... Je n'abandonne donc pas cette saga et je compte sur le dernier volet pour me réconcilier avec Miss Macomber !

Vendredi 15 juillet 2011 à 12:53

Bien qu'ayant quitté l'adolescence depuis quelques années déjà, je suis restée attachée à la littérature de jeunesse. Au contraire de ceux qui la dénigrent, je pense qu'il faut réunir de nombreuses qualités afin de parvenir à captiver un lectorat aussi exigeant et impitoyable, et je m'amuse toujours beaucoup quand je me replonge dans l'univers des plus de quatorze ans le temps de quelques centaines de pages !


C'est pourquoi j'ai immédiatement accepté l'offre des Editions Plon lorsqu'elles m'ont offert de découvrir Lycée Out, le second roman de Claire Loup, en avant-première absolue ! Il faut dire que le résumé en est particulièrement attractif...




Que faire quand on a un petit ami qui a le mauvais goût de vous quitter en expédiant une carte postale sans même la glisser dans une enveloppe ? Pleurer ? Ce n'est pas le genre d'Emma. Se venger,sûrement, d'autant qu'il est davantage question d'amour-propre que de grands sentiments.

Et la vengeance d'Emma est somptueuse, imaginative, inattendue.

L'amoureuse délaissée devient une redoutable combattante,une « Napoléonienne de l'amour », comme elle se surnomme elle-même.Le seul détail que la brillante stratège a négligé, c'est qu'elle attirerait l'attention d'un garçon inconnu qui lui donnerait la réplique en se dissimulant sous le pseudo de Don Juan.





Comme vous vous en doutez, nous sommes loin de l'héroïne stéréotypée, naïve et boutonneuse. Emma est atypique, pleine d'esprit, elle réagit au quart de tour et a un avis sur tout ! Benjamin (alias Don Juan), de son côté, est un garçon plutôt instable, en manque de repères, qui s'éloigne autant de l'école que de sa famille.


J'ai apprécié l'aspect imparfait des deux protagonistes, mais plus que tout, le fait que leurs petits défauts ne donnent pas lieu à un final moralisateur. Si Emma et Benjamin fonctionnent comme des modèles, c'est uniquement sous forme d'une invitation à rester soi-même et à poursuivre sa voie en demeurant fidèle à ses aspirations personnelles. Ainsi, la Napoléonienne de l'amour refuse de se compromettre en publiant des articles démagogiques, alors que Don Juan réfléchit à un avenir professionnel qui n'inclut pas nécessairement la case études supérieures.
 

 



On ressent vraiment à la lecture de ce roman que Claire Loup se place en amie de ses lecteurs plutôt que dans une quelconque posture parentale, et le récit semble dès lors délivré sur le ton de la confidence et non de la leçon à retenir.


Par ailleurs, j'ai apprécié le ton de Lycée Out, en particulier les anti-conseils d'Emma, pleins d'ironie et cyniques à souhait. Cet esprit m'a rappelé des films comme Mean Girls ou Easy A (sortie prévue début 2011) : destinés avant tout à un public jeune, ils parviennent malgré tout à retenir l'attention des adultes en raison de leur humour décapant et de l'intelligence de leur écriture.



En conclusion, je recommande vivement Lycée Out, un bouquin malin et amusant, qui ne prend pas les adolescents pour des imbéciles juste bons à ingurgiter une énième histoire de vampires amoureux ! Une vraie bouffée d'oxygène, en vente depuis hier !



 

Je remercie Jennyfer Soulat pour ce cadeau et
Claire Loup pour sa sympathique dédicace !

Vendredi 15 juillet 2011 à 12:52

Roses à crédit est un roman que j'ai découvert suite à la recommandation plus qu'enthousiaste de ma maman. Ses conseils littéraires valant leur pesant d'or, je n'ai pas hésité à me plonger sans plus attendre dans la prose de Madame Louis Aragon...



La nature a beaucoup donné à Martine, les hommes peu. Elle est belle, elle a le rare don d'aimer. Mais à notre âge de nylon, elle est venue au monde dans des conditions de l'âge de pierre. Aussi le confort moderne, le cosy-corner, seront-ils son premier idéal, et le métier de manucure parmi les miroirs et les parfums d'un salon de coiffure suffit à ses rêves de beauté. Elle est en cela semblable à des millions d'êtres.

Daniel Donelle, l'amour de Martine, est déjà au-delà de cet idéal électroménager. Rosiériste ; touché par l'aile de la science, il rêve à un rose nouvelle qui aurait la forme de la rose moderne, et le parfum inégalable de la rose ancienne.

Un jour, Daniel créera la rose parfumée Martine Donelle, mais elle ne sera plus un hommage qu'à la souffrance.




Ma première remarque suite à cette lecture concerne la thématique centrale du roman : la société moderne. Martine est avide de jolis objets et profite jusqu'à l'abus des opportunités de son temps et des tristement célèbres "facilités de paiement", tandis que Daniel occupe une position plus intermédiaire, avant-gardiste au sein de sa science, conservateur dans le domaine des goûts.


L'auteur traite de la question du progrès et de la façon dont on peut s'en emparer, pour le meilleur comme pour le pire. Ce propos, d'une actualité saisissante, nous ferait presque oublier que Roses à crédit a été publié en 1959 !


J'ai particulièrement apprécié la façon dont Elsa Triolet conçoit le personnage de Martine. Si son univers se limite aux produits de beauté et aux meubles en kit et que ses sujets de conversation demeurent irrévocablement superficiels, Martine est cependant loin d'être écervelée. Elle possède au contraire une intelligence certaine qui lui permet de tout mettre en oeuvre pour parvenir à ses fins.


Par ailleurs, sa soif de beauté et de propreté n'est pas qu'une lubie, elle trouve son origine dans les conditions de vie déplorables qui étaient les siennes jusqu'à l'adolescence. En plus d'être un personnage nuancé, Martine est donc une héroïne touchante... bien que souvent exaspérante !


L'issue de cette histoire est à la hauteur de la vie de Martine : théâtrale, dramatique, inéluctable. Une leçon doit être tirée, et l'on ressent alors réellement la dimension critique de l'ouvrage, qui selon moi s'attaque cependant davantage à la société de consommation qu'aux consommateurs eux-mêmes.
 


Pour toutes ces raisons, je recommande mille fois Roses à crédit qui développe avec beaucoup de subtilité un personnage d'irrésistible acheteuse compulsive... près de cinquante ans avant Sophie Kinsella et son accro du shopping !

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