Un-livre-en-poche

Jamais sans mon livre

Vendredi 15 juillet 2011 à 13:00

En découvrant L'héritage des Darcer parmi les partenariats de Blog-o-Book, je me suis dit : ce livre n'est pas du tout pour moi, mais je postule ! Pourquoi cette réaction contradictoire? Et bien, d'une part, parce que la fantasy est aux antipodes de mes choix littéraires habituels et que la jeunesse de l'auteur me laissait dubitative, et d'autre part, parce que ces deux éléments particuliers m'ont justement interpelée et que la curiosité a fini par prendre le dessus (enfin, tout est relatif, puisque ma décision s'est prise en une poignée de secondes, à peine).


Lorsqu'on s'appelle Mydria, qu'on est la fille unique et chérie des puissants Siartt et qu'on a pour objectif principal d'accéder à un pouvoir plus grand encore en épousant le prince héritier du royame, la vie ne peut pas être ennuyeuse. Jusqu'au jour où Mydria découvre ses vraies origines. Elle n'est nullement Siartt mais l'ultime héritière d'une dynastie renversée depuis des générations! Et pour couronner le tout, à la suite de ses ancêtres, elle est tenue de se lancer à la recherche du trésor familial, recevant pour seules aides un sifflet et le Don d'ailes, cet étrange pouvoir de métamorphoser à volonté...


Autant vous le dire tout de suite, on oublie très rapidement que Marie Caillet est à peine majeure : l'histoire est cohérente, on ne sombre pas dans la facilité, et le style est travaillé.
A ce propos, quitte à être un peu vache, j'ai justement trouvé que l'écriture était malheureusement un peu lourde par moments, avec un côté pompeux qui, certes, impressionne mais peut également très rapidement lasser.


Autre défaut à déplorer : les descriptions, trop longues et surtout inutiles... Je ne vous cache pas que je les ai littéralement zappées pour me concentrer sur les dialogues dès la page 100 ou 150 ,et que ma compréhension de l'histoire ainsi que mon immersion dans l'univers de l'oeuvre n'en ont aucunement souffert ! En allégeant ces parties, le récit gagnerait un rythme plus haletant, qui correspondrait d'ailleurs mieux aux péripéties de notre héroïne.


A ce titre-là, l'auteur s'en sort honorablement : Mydria est attachante, à la fois désorientée et astucieuse, fragile et battante. J'aurais aimé que la particularité de sa métamorphose trouve un sens plus profond, ait un rôle à jouer au-delà de la métaphore, mais il lui correspond cependant à merveille. Les autres personnages sont, à mon sens, moins réussis : les membres de la guilde m'ont, à peu de choses près, semblé interchangeables. J'ai regretté qu'ils ne soient pas davantage développés, différenciés (par exemple les jumeaux, dont la fraternité n'est que peu explorée).

Quant à Orest, anti-héros et anti-prince charmant par excellence, sa complexité est intéressante, mais j'ai raté le moment où il passe d'assassin sans pitié à petit ami potentiel... Je ne suis pas parvenue à percevoir en lui cette dimension affective, pourtant indispensable à l'alchimie de tout couple de fiction.


La fin m'a également quelque peu laissée... sur ma faim. J'avais envie de m'écrier: "Tout ça pour ça?". Je dois pourtant reconnaître que Marie Caillet a opté pour une issue en demi-teinte, qui a l'avantage d'être plus nuancée que l'éternel happy end et de laisser la porte ouverte à une éventuelle suite.



En conclusion, il se peut que mon manque de familiarité avec le genre m'ait rendue moins réceptive aux qualités de ce roman. Je dirais donc que j'ai été un peu déçue, mais que L'héritage des Darcer n'en demeure pas moins un premier roman prometteur.

Vendredi 15 juillet 2011 à 13:00

C'est avec près d'une semaine de retard que je vous propose aujourd'hui mon compte-rendu de lecture de Pieux mensonges. Je préfère toujours rédiger mes posts juste après avoir refermé le roman concerné, afin de préserver mes idées intactes... Je crois cependant garder un souvenir suffisamment vivace de mes impressions et je pense donc que ce décalage ne ternira pas l'article !

 

Tout commence par un mariage catholique célébré en Californie, à la veille de Pearl Harbor. Et tout s'achève par la révélation d'un incroyable secret de famille. C'est donc un demi-siècle qui se déroule sous nos yeux et entre 'celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas', les certitudes des uns et les doutes des autres, Maile Meloy ne tranche pas. Au contraire, elle plonge dans une lumière ambigüe cette romance aux couleurs de notre temps.



J'ai commencé cette lecture avec appréhension : dès le départ, j'ai constaté des ressemblances certaines avec Dans les coulisses du musée de Kate Atkinson, que j'ai véritablement adoré.
Je craignais d'assister au lamentable phénomène de la pâle copie... Pourtant, de façon imperceptible, je me suis retrouvée immergée dans le récit... au point d'être finalement parfaitement captivée et de lire jusqu'à l'endormissement chaque soir ! Je vous épargne l'inventaire des noms d'oiseaux proférés à l'égard de mon éveil lumière lorsqu'il entrait en action le lendemain, à 6h15 !


Ce qui m'a tant intéressée? L'évolution du récit, qui se déroule sur pas moins de quatre générations. Dans Pieux mensonges, il n'y a pas de temps morts, l'histoire ne paraît jamais tirée en longueur. Grâce à cette progression naturelle, nous avons l'opportunité de voir grandir, mûrir, se transformer des personnages auxquels on ne peut que s'attacher.


J'ai aimé découvrir et décoder les relations complexes au sein de cette famille marquée par le secret. Cette thématique est habilement traitée par l'auteur, qui nous présente des personnages tiraillés entre une vérité quelquefois cruelle et une dissimulation d'apparence plus facile. L'approche psychologique est à cet égard intéressante, car on s'aperçoit rapidement qu'en déguisant les faits, on ne ment bien souvent qu'à soi même et que le mensonge marque inconsciemment ceux qui en sont l'objet. Les conséquences sont lourdes, pour tous.


Par ailleurs, j'ai été interpelée par la réflexion menée par Maile Meroy en ce qui concerne la religion. Sans émettre de jugement, elle nous présente différentes figures de croyants, de la grenouille de bénitier à l'athée convaincue. La foi est montrée dans son ambivalence, comme source tout à la fois d'espérance et de conflits potentiels.



En conclusion, j'ai sincèrement apprécié Pieux Mensonges et je n'hésiterai pas à acquérir d'autres titres signés par cet auteur ! Une agréable découverte, que je recommande aux amateurs de fresques familiales contemporaines.

Vendredi 15 juillet 2011 à 12:59

Avant de commencer ce compte-rendu de lecture, je vous confesse qu'il s'agit de ma première note sur un recueil poétique. Je suis donc novice, pourtant je pense avoir compris, et surtout ressenti, beaucoup de thématiques abordées par l'auteur.



La première chose qui m'a interpellée en ouvrant Les oies ne peuvent pas nous dire, c'est la mise en page : le texte occupe à peine quelques lignes, le vide prend le dessus. Les mots, les lettres même sont espacés. On devine au premier regard que la poésie de Mireille Gagné ne se perdra pas en fioritures superflues, que chaque mot aura un sens, une résonnance particulière.


J'ai également apprécié la construction du livre, qui se dévoile en quatre parties évoquant chaque saison du calendrier. Ce choix n'a rien d'anodin, puisqu'il évoque l'idée de la vie comme un cycle, sujet central de ce recueil. En effet, l'auteur croit que l'être humain, à l'image des oies du titre, observe une migration perpétuelle qui le ramène toujours à ses origines.

Dès lors, l'enfance de Mireille Gagné occupe une place de choix. Le recueil s'ouvre d'ailleurs sur la naissance de cette dernière, venue au monde brutale, qui annonce la complexité de la relation mère-fille.


" Je n'arrive pas doucement
cramponnée à l'hiver
ronge ma mère
ses battures
grimpée dans ses champs
je la sens qui se contracte
sous le contact des doigts "

 
La mère est associée à l'image de la mer, du fleuve, source de vie mais qui peut également se glacer. Le père est quant à lui rapproché de l'île, du repère au milieu de l'océan (re-père), mais également d'une figure de chasseur, protecteur et nourricier.


Ce rattachement à l'enfance doit pourtant être dépassé, et c'est ainsi que l'été apporte une rupture nécessaire. L'automne se révèle plus mélancolique encore, saison de la chute des feuilles, du dénudement, de la perte.


" Les pantalons trop lourds pour mon âme
je m'écrase sur le sol
la terre tremble
des débris d'enfance sous les ongles
en vain
je cherche par quel bout me prendre par la main"


L'hiver clot le livre. Pourtant, ce dernier révèle un ultime chapitre, celui de l'éternité. Je le vois comme l'au-delà, ou le cycle du souvenir.


" Je coupe les fils qui retiennent l'aube
plonge dans l'eau
de glace et de phares
rejoins l'île
mon père
ma mère
cette terre qui m'a conçue
avec un coeur d'or et de jonc"
 



En abordant sa vie, par des mots simples mais choisis, Mireille Gagné soulève des questions existentielles et touche au domaine de l'universel. Les oies ne peuvent pas nous dire est donc un recueil contemporain, sobre et beau, dont le langage sans détour m'a touchée.

Vendredi 15 juillet 2011 à 12:58

J'ai acheté La rebelle d'occasion, en pensant, après avoir lu la quatrième de couverture, qu'il paraissait plutôt sympathique... J'ai eu la formidable surprise de découvrir, dès les premières lignes, un roman plus que réussi, un immense coup de coeur au sens fort de l'expression !
 


 

Mattie Gokey, seize ans, a une passion : les mots. Depuis sa plus tendre enfance, elle les collectionne, écrit, encore et toujours, pour oublier la dure réalité d'une vie de labeur à la ferme.

Mais lorsqu'on ramène le corps d'une noyée à l'hôtel où elle travaille, les questions envahissent son esprit : qu'est-il arrivé à cette jeune femme qui ne demandait qu'à vivre ? La lecture de lettres déchirantes rédigées par la morte modifieront à jamais le destin de Mattie...



La première chose qui m'a plue à propos de ce roman est le style, fluide, sans lourdeurs, agréablement littéraire et contemporain.


La construction du récit est également pensée avec beaucoup d'intelligence : chaque chapitre est intitulé en fonction du mot du jour (choisi dans le dictionnaire par notre narratrice), mais ce mot est découpé en syllabes et nous le lisons dès lors à la façon de Mattie, comme si nous déchiffrions ce terme nouveau. Par ailleurs, des "flash forward" interrompent les chapitres classiques, ce qui ne nuit pas au suspense. Au contraire, le lecteur se demande sans cesse de quelle façon Mattie va en arriver là, réponse que nous découvrons lorsque les deux cadres temporels se rejoignent.


Plusieurs thématiques m'ont particulièrement interpellée. Tout d'abord, celle l'importance des mots : en effet, Mattie se rêve écrivain et ne quitte jamais son roman du moment. A seize ans, les classiques de la littérature et de la poésie américaines n'ont plus aucun secret pour elle, et inutile de vous préciser que ces références m'ont donné quelques idées pour remplir ma bibliothèque! Par ailleurs, les mots symbolisent la communication, le dialogue, l'échange. Mattie aspire à des conversations profondes, passionnées, ce qui est à des années lumière de sa vie de campagnarde et qu'elle ne connaît qu'avec son meilleur ami. Ce fil rouge est encore mis en évidence par l'intitulé des chapitres, déjà évoqué plus haut.


Mais le sujet qui m'a le plus touchée est celui de la condition féminine.
Les personnages qui entourent la narratrice forment un tableau d'archétypes allant de la mère comblée à celle méprisée par toute la communauté, sans oublier la femme au foyer désespérée et la féministe incomprise, voire persécutée. Notre héroïne se trouve dès lors à la croisée des chemins, prise entre les attentes de la société, ses propres ambitions et désirs contradictoires. Cette réflexion s'ancre dans un début du XXe siècle encore largement mysogine, mais il me semble que cette réflexion est malheureusement loin d'être hors de propos cent ans plus tard.


En conclusion, que vous soyez amoureux des livres qui parlent de livres, passionné par l'histoire des femmes, ou simplement intéressé par un vrai bon roman, je ne peux que vous recommander La rebelle !

Vendredi 15 juillet 2011 à 12:57

C'est avec un peu de retard que je publie aujourd'hui ma note sur le livre reçu grâce à Masse Critique, célèbre opération organisée par le site Babelio. Je vous avoue m'être depuis plongée dans un roman captivant et avoir quelque peu laissé derrière moi ma dernière lecture en date... Il est donc temps de rattraper cette négligence !


Je suis Marion. J'avais vingt ans en 1992 et j'écoutais sur mon vieux lecteur CD du Jeff Buckley, du Nirvana. Je traînais à la fac en Bensimon et jeans Cimarron. J'ai joué aux cartes jusqu'au petit matin, fait des photocopies à la BU et rêvé de grands voyages en attendant les partiels. J'avais un ami un peu boulet qui n'a cessé d'attirer les ennuis, qui a accumulé les rencontres catastrophiques et les amours malheureuses. Une bande de potes un peu atypiques dont j'ai perdu de vue la plupart des membres. Je voulais partir à New York mais ce ne fut pas pour moi. Je voulais réussir mes exams mais, ça non plus, ce ne fut pas pour moi. je voulais trouver le grand amour, ce fut dur. Et puis un jour...


Ce qui m'avait attirée, à la lecture de ce résumé, c'est la promesse d'une description réussie de la vie post-adolescente des années 90, avec ses références qui ont immédiatement éveillé plus d'un souvenir en moi. Sur ce point, William Réjault ne m'a certainement pas déçue : les expressions, les modes, les marques sont le reflet exact de la dernière décennie du XXe siècle. Ces évocations permettent de planter efficacement le décor et de rendre crédible l'ensemble du récit.

Pour autant, j'avoue (à contre-coeur) ne pas avoir été convaincue par le roman. Je n'ai trouvé ni unité, ni réel intérêt à cette compilation d'anecdotes vécues par un groupe d'amis. Si certaines histoires sont touchantes, que d'autres m'ont fait sourire, et si je reste persuadée que chaque lecteur pourra opérer beaucoup de rapprochements avec ses propres années estudiantines, je n'ai pu m'empêcher de me demander en permanence où tout cela nous menait.

J'ai également été déroutée par le changement de narrateur, qui se produit d'ailleurs trop tard pour que l'on puisse s'attacher à ce second protagoniste. J'ai eu l'impression que l'histoire se dispersait, se diluait davantage, au lieu de se centrer une bonne fois pour toutes. J'aurais préféré que l'auteur se concentre sur le personnage de Marion et sur l'évolution qu'elle connaît lors de ces années décisives, cela aurait donné à mon sens plus de consistance au roman.

Le livre se termine par l'annonce d'une suite. Je ne l'achèterai pas mais si j'ai l'occasion de la recevoir lors d'un partenariat, je la lirai par curiosité. Peut-être ce premier volume n'est-il que le préambule à une série de romans plus réussis? Si c'est le cas, je crains que l'auteur n'ait perdu quelques lecteurs en cours de route...
 

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