Lorsqu'on s'appelle Mydria, qu'on est la fille unique et chérie des puissants Siartt et qu'on a pour objectif principal d'accéder à un pouvoir plus grand encore en épousant le prince héritier du royame, la vie ne peut pas être ennuyeuse. Jusqu'au jour où Mydria découvre ses vraies origines. Elle n'est nullement Siartt mais l'ultime héritière d'une dynastie renversée depuis des générations! Et pour couronner le tout, à la suite de ses ancêtres, elle est tenue de se lancer à la recherche du trésor familial, recevant pour seules aides un sifflet et le Don d'ailes, cet étrange pouvoir de métamorphoser à volonté...
Autant vous le dire tout de suite, on oublie très rapidement que Marie Caillet est à peine majeure : l'histoire est cohérente, on ne sombre pas dans la facilité, et le style est travaillé. A ce propos, quitte à être un peu vache, j'ai justement trouvé que l'écriture était malheureusement un peu lourde par moments, avec un côté pompeux qui, certes, impressionne mais peut également très rapidement lasser.
Autre défaut à déplorer : les descriptions, trop longues et surtout inutiles... Je ne vous cache pas que je les ai littéralement zappées pour me concentrer sur les dialogues dès la page 100 ou 150 ,et que ma compréhension de l'histoire ainsi que mon immersion dans l'univers de l'oeuvre n'en ont aucunement souffert ! En allégeant ces parties, le récit gagnerait un rythme plus haletant, qui correspondrait d'ailleurs mieux aux péripéties de notre héroïne.
A ce titre-là, l'auteur s'en sort honorablement : Mydria est attachante, à la fois désorientée et astucieuse, fragile et battante. J'aurais aimé que la particularité de sa métamorphose trouve un sens plus profond, ait un rôle à jouer au-delà de la métaphore, mais il lui correspond cependant à merveille. Les autres personnages sont, à mon sens, moins réussis : les membres de la guilde m'ont, à peu de choses près, semblé interchangeables. J'ai regretté qu'ils ne soient pas davantage développés, différenciés (par exemple les jumeaux, dont la fraternité n'est que peu explorée).
Quant à Orest, anti-héros et anti-prince charmant par excellence, sa complexité est intéressante, mais j'ai raté le moment où il passe d'assassin sans pitié à petit ami potentiel... Je ne suis pas parvenue à percevoir en lui cette dimension affective, pourtant indispensable à l'alchimie de tout couple de fiction.
La fin m'a également quelque peu laissée... sur ma faim. J'avais envie de m'écrier: "Tout ça pour ça?". Je dois pourtant reconnaître que Marie Caillet a opté pour une issue en demi-teinte, qui a l'avantage d'être plus nuancée que l'éternel happy end et de laisser la porte ouverte à une éventuelle suite.
En conclusion, il se peut que mon manque de familiarité avec le genre m'ait rendue moins réceptive aux qualités de ce roman. Je dirais donc que j'ai été un peu déçue, mais que L'héritage des Darcer n'en demeure pas moins un premier roman prometteur.